Je me rends ce matin vers 7 h à Ekkamai bus terminal station en taxi avec mes 4 sacs et ma moustiquaire de 1m50 de long !
Un chauffeur de taxi me saute littéralement dessus, me demande où je vais : je lui montre l’adresse du Temple, et lui dis que je vais d’abord à Chochengsao puis que je prendrai un autre bus. Il me propose de m’y amener pour 1000 Baths (environ 25 Euros). J’accepte étant donné le poids de tous mes bagages.
En fait, je m’aperçois en cours de route, qu’il pensait que le Temple était proche de Chochengsao (à environ 1 h depuis Bangkok), je lui ai pourtant bien précisé qu’il fallait 3h en voiture depuis Bangkok !
Il pensait y gagner mais en fait il s’est fait avoir (pour une fois que ce n’est pas moi !), je lui rappelle qu’on a conclu pour 1000 Bath, pas une de plus ! En cours de route il a fallu qu’il téléphone au temple pour qu’on lui explique la route. Etant donné que c’était vraiment loin je lui donne 100 bath de plus !
Des chapiteaux et plusieurs dizaines de chaises sont déjà installés en préparation de la journée du 6 Mai !
Le Maître vérif les installations
Le sol plein d’eau
La première personne que je voie en arrivant est Phosit ! Je me doutais bien qu’il serait là et c’est ce que je craignais !!
Je vais tout de même le saluer très rapidement : « good morning, how are you ? » ; difficile de faire autrement ! Voilà, je suis débarrassée …
Puis le Maître vient me saluer avec un grand sourire, apparemment heureux que je sois là ; une femme se présente : Da, elle me dit que c’est elle qui va prendre soin de moi. Elle assiste le Maître dans la préparation de la fête, et d’ailleurs je trouve qu’ils sont assis bien trop près l’un de l’autre ; elle m’explique dans un anglais approximatif les liens de famille qu’elle a avec le Maître ??? je ne comprends pas bien !
Le Maître lui tourne le dos, me regarde, fait semblant de prendre quelqu’un dans ses bras et fait un geste pour dire Non ! Ca me rassure !
Un peu plus tard, je me rendrai compte que Da est en fait un lady boy…..
Le Maître m’invite à manger, ils viennent juste de terminer et je me rends donc dans la cuisine où les femmes du village m’accueillent à bras ouverts (de la main d’œuvre en plus) ; elles me serrent réellement dans leurs bras, ça fait plaisir tout de même !
Il y a beaucoup de monde au Temple, trop : des enfants, des Moines venus d’autres temples, des nonnes, etc…
Les nonnes
Phra Ton avec qui je m’entendais bien n’est pas là, il fait son service militaire. Enfin, ce n’est pas grave, je me sens comme à la maison.
Apparemment mon kouti est occupé par un moine et le Maître va me chercher une tente, (qui se déplie d’un geste, toute petite) qu’il installe avec l’aide de Phosit qui s’est précipité… Même si c’est petit, au moins j’aurai mon « chez moi » !
La chaleur est aussi forte qu’à Bangkok et il a beaucoup plu, si bien que le sol est imbibé et lorsque l’on marche la boue se dépose sur le bas de mon pantalon ; comment fais-je faire avec mes jupes blanches ???? Difficile de jouer les séductrices, d’autant qu’avec cette moiteur, mes cheveux ressemblent à de la paille… et mon visage ruisselle !!
Qu’est-ce que je fous là ? Je pourrais être au calme dans mon camping-car au bord du lac…
J’espère que dans une semaine tous ces gens qui ne font pas partie du Temple seront partis et qu’on se retrouvera « entre nous », comme au mois de Février !!
La première nuit je n’ai dormi que deux heures, car le Maitre a installé ma tante devant le temple, sous une tonnelle, mais ils ont travaillé toute la nuit, le lady/boy a une voix de « mec », il parle fort et toutes les lumières sont restées allumées ! En plus j’ai dormi sur des pierres et quelqu’un a ronflé pendant au moins une heure !
J’ai donc décidé de m’installer dans le jardin assez loin du temple où il y a d’ailleurs d’autres tentes.
Les tentes
Mais il pleut de temps en temps, ce sont de véritables trompes d’eau et la tente n’est pas imperméable !!! Bien qu’elle soit posée sur une bâche, le sol est trempé, puis bientôt ma natte aussi !!
En plus il y a une odeur terrible de « pisse » à l’intérieur ! (Au moment de replier la tente je m’apercevrai qu’un crapaud m’a tenu compagnie, et il a dû pisser…).
Heureusement que toutes mes affaires sont dans des sacs plastiques !! J’essaye de laver mes culottes, mais ça ne sèche pas ; le soleil sort de temps en temps et bien qu’il soit très fort, le linge reste humide…
Essayez d’enfiler un vêtement blanc dans une tente, accroupie, avec un sol trempé qui pue et de la terre qui commence à s’infiltrer ??
J’ai tout de même bien fait de bouger même si j’ai dormi dans l’humidité, car des femmes sont venus monter les décorations florales, elles ont travaillé toute la journée et toute la nuit devant le temple. C’est d’ailleurs magnifique…
Le premier soir la prière se fait dans le temple, il y a plusieurs moines venus de l’extérieur, au moins une quinzaine de nonnes la plupart assez âgées et certaines me regardent d’un air bizarre !
A la fin le Maître se tourne vers moi et annonce en thaï : claudina (j’adore quand il m’appelle comme ça !) you are beautiful, c’est une fille, Kim avec qui j’ai sympathisé car elle parle anglais mieux que Khuanjit, qui me traduit, je ne peux que remercier mais je me sens très gênée.
Le lendemain une nonne et deux femmes du village me demandent si le Maître et moi sommes ensemble !!! (elles font le geste de coller deux doigts ensemble). Je réponds non bien sûr d’un air outré et très choqué !!
La journée du 6 Mai est arrivée ! Je reste avec ma copine Khuanjit qui s’occupe de récolter les fonds ; il y a un speaker qui annonce régulièrement que Khuanjit et Claudina sont là pour recueillir les dons. Il y a énormément de monde et les gens se précipitent pour apporter leurs enveloppes ; je les ouvre, vérifie les montants et met l’argent dans des récipients. Il fait très chaud.
Le Maître vient consulter Khuanjit régulièrement, mais il m’ignore, ne me regarde pas, ne me sourit même pas !
Ce qu’il ne sait pas c’est que j’ai lu dans une revue française l’histoire d’une journaliste qui avait passé une semaine complète avec le Dalaï Lama pour l’interviewer. Ils avaient donc sympathisé, mais le denier jour, une fête était organisée, beaucoup de monde rassemblé dont la journaliste au premier rang : le Dalaï Lama passe saluer tout le monde, mais une fois devant elle, il l’ignore !! Une belle leçon pour l’ego !
Donc son attitude me fait sourire d’autant que je suis un peu la « reine » de la fête : tout le monde est très gentil avec moi, je suis encore la vedette, on me trouve « beautiful), ils veulent tous me photographier, même les enfants… il parait que les moines venus de l’extérieur sont étonnés de savoir l’âge que j’ai… ils sont sympas, ils me sourient, il y a un jeune qui est même venu me parler en anglais !
Par contre Phosit me suit partout comme un petit chien, je l’ignore… Avec Khuanjit qui ne l’aime pas beaucoup non plus, on rit de son manège ! le pauvre !! Normalement il repart demain, on se saluera de loin !!
La veille il y a eu une cérémonie, personne ne me l’avait expliquée : les moines étaient réunis et assis côte à côte sur des chaises à l’extérieur ; on est venu me chercher, presque de force, je n’avais pas vraiment envie d’y aller, mais il parait que ça porte bonheur !
On me donne un seau rempli d’eau avec une tasse, et je suis devant le maître, accroupie, sans savoir ce que je fais avec !!! puis Kim vient à mon secours, en fait il faut verser un peu d’eau sur ses mains et ses pieds… mais imaginez la scène, le sol est gorgé d’eau, donc boueux, je suis pieds nus, avec une jupe assez longue blanche avec de très jolies fleurs bleu pâle, un Tshirt blanc qui « baille » un peu lorsque je me penche (je saisis d’ailleurs le regard réprobateur du Maître) ! je dois donc d’une main tenir les pans de ma jupe, remonter mon Tshirt, verser l’eau sur leurs mains et leurs pieds et me déplacer accroupi…
Je le fais tout de même avec le sourire !
Le 7 mai, les nonnes, moines, doivent repartir ; je vais donc pouvoir retrouver mon kouti : un 3 étoiles à côté de la tente…
Des ouvriers sont en train de tout démonter. Je reste un peu avec les nonnes avec qui j’ai sympathisé finalement (elles m’ont vu travailler et assister aux prières comme tout le monde !), puis je les accompagne jusqu’à leur voiture pour leur dire au-revoir, le Maitre est là aussi, il les remercie de leur venue ; le jeune moine qui parle un peu anglais est avec elles, il me demande mon adresse mail, ce n’est que pour pratiquer son anglais !
Puis le Maître m’invite à l’accompagner vers l’entrée de la propriété, là où la cérémonie s’est déroulée ; nous marchons côte à côte, ça me donne l’impression d’être la châtelaine accompagnée du châtelain, qui va saluer ses invités avant leur départ ! comme le maître et la maîtresse de maison … Nous saluons les derniers moines qui ne sont pas encore partis, je me mets un peu en retrait !
Le soir, à la prière, le Maître m’a annoncé qu’il était resté toute l’après-midi en méditation et qu’il avait eu un rêve, ce que je traduis par un message : On lui a dit que c’était le ciel qui m’avait guidée jusqu’à Parumjai ; je lui ai répondu : oui, c’est vrai !
Moi je n’ai pas besoin de rester en méditation toute une journée pour savoir que j’ai été guidée, téléguidée même, jusqu’ici ! Je sais très bien que le hasard n’existe pas et que si je me retrouve ici, c’est qu’il y a une bonne raison, mais pour l’instant je ne la connais pas.
(d’ailleurs, je vous conseille l’excellent livre de Deepack Chopra : Livre des Coïncidences).
Pourquoi ? Il faut que je lui demande.
Ce matin, internet remarche enfin (en fait je crois que je n’avais pas inséré le fil comme il faut…), et je décide, avec l’aide de google traduction, de demander au Maître s’il sait pourquoi je suis ici. Je lui donc donne mon message, lorsqu’il sort de sa méditation ! Il n’a pas l’air bien depuis la fin de la cérémonie : il a un abcès à la jambe qui le fait souffrir, ce matin il est enrhumé et il a mal au dos ! Pauvre chéri !
Phra Bank qui était assez désagréable avec moi avant est devenu très sympa depuis que le Maître a annoncé que c’était le ciel qui m’envoyait !! Hier il m’a même invitée à m’asseoir au moment de la prière, il me donne des bougies, fruits, lait anti-moustique, etc…
Pour la fête ils ont récolté 25 000 Euros, ce qui est énorme ici, d’autant que bien souvent les dons étaient de 20 ou 100 baths (25 ctmes – 3 Euros) ! Vous pouvez donc imaginer le nombre d’enveloppes que nous avons ouvert dans la journée….
A plus tard pour la suite !!