Le matin du 18 Février 2012 je me rends à la station de bus Ekkamai, à deux stations de métro de mon hôtel à Bangkok, quartier de Sukhumvit, et je prends un bus pour Chochengsao, un mini van rapide qui met environ 2 heures.
Arrivée à Chochaengsao je montre la photo du bus que j’ai pris la première fois que je suis venue à Parumjai avec Phosit et on m’y conduit. Je montre également un papier à en-tête de Parumjai (j’avais pris une des invitations que les moines envoyaient).
Dans les bus il y a toujours le chauffeur, bien entendu, mais aussi une jeune femme qui s’occupe des voyageurs, vérifie les billets, distribue les bouteilles d’eau, etc…
Elle prend son téléphone portable et appelle le monastère pour qu’on lui explique exactement à quel endroit je dois descendre. Les Thaïlandais sont vraiment gentils et serviables.
Le bus est très lent, il s’arrête un peu partout, mais finalement j’arrive au carrefour où il y a la route qui mène au temple : ici juste une boutique : je dis que je me rends à Parumjai, un monsieur me propose de m’y conduire en moto pour 80 THB ; j’accepte bien sûr, sinon il faudrait que je fasse les 6 km à pied avec mes deux bagages et sous les 35°.
J’arrive à Parumjai avec beaucoup d’émotions, Khuanjit est là, elle m’accueille et va prévenir le Maître qui est dans ses appartements. Il arrive quelques instants plus tard et m’accueille chaleureusement.
Ils sont très étonnés et émerveillés de voir comment j’ai pu me débrouiller seule pour arriver jusqu’à eux.
Khuanjit montre au Maître qu’avec Google traduction, on peut arriver à converser.
Je lui propose de venir en France avec moi, il dit oui, mais une fois que son projet sera construit, c’est à dire dans trois ans ; c’est donc moi qui vais revenir avant car je ne pourrai pas rester 3 ans sans le voir !! je demande combien coûte la construction d’un kouti pour moi avec l’eau et l’électricité : 8000 BTH donc 200 Euros ! Mais le Maître dit que si je reviens, je n’aurai rien à payer et qu’il m’emmènera visiter la région !
Je l’informe que je ne souhaite pas porter la tenue des nonnes mais que je peux me vêtir en blanc s’il tel est son souhait, mais avec mes propres vêtements.
Toutes mes requêtes sont acceptées, il dit oui à tout…
Khuajit le regarde d’un air surpris et interrogateur… très étonnée !
Cette fois-ci je ne dormirai pas dans la cuisine, on me conduit loin dans la fôret, dans le kouti construit près de l’arbre qui abrite une entité, sans eau courante, ni électricité… je m’éclaire à la bougie et avec la lampe torche. Ce n’est pas grave, j’adore ce kouti, dans cet endroit il se dégage une certaine sérénité, un calme apaisant.
Il y a bien une salle d’eau avec toilettes juste à côté, mais l’eau n’y arrive pas et je dois prendre l’eau dans un immense réservoir qui contient l’eau de pluie.
A la fin du week-end Khuanjit rentre chez elle, il reste deux femmes du village et le premier soir je les vois arriver jusqu’à mon kouti : je pense qu’elles viennent passer un petit moment avec moi avant d’aller se coucher, « papoter » un peu…. Mais non, elles montent dans mon kouti et semblent vouloir s’installer pour la nuit… trois dans douze mètre carrés ???? le Maître a dû les envoyer pensant que j’aurais peur de dormir seule ! Je les renvoie (je sais ce n’est pas gentil !), elles comprennent que je veux rester seule et repartent ; je pense qu’elles ont dormi par terre dans la salle de prières ou bien dans la cuisine ….
Après la prière et la méditation du soir, il est 9 h et il fait nuit noire : lorsque j’emprunte le chemin qui mène à mon kouti je n’en mène pas large car ma lampe torche mal dirigée fait des ombres bizarres …
Hier, 20 Février, grand bonheur : il était aux environs de 18 heures, le soir n’allait pas tarder à tomber, j’étais assise dans le jardin, sur un banc de pierre : le Maître est venu s’asseoir en face de moi…Il me tends son téléphone portable, Khuanjit est au bout du fil, nous échangeons trois mots car son anglais est très restreint !
Trois minutes de bonheur face à face avec le Maître, vite passées, car une des femmes, Pen, arrive vers nous !
J’aurais aimé que cela dure beaucoup plus longtemps ! il n’y a pas eu beaucoup de paroles échangées mais ce n’était pas nécessaire, nous étions sur la même longueur d’ondes, en pleine connexion !
Après l’unique repas de la journée, il est 9 h 45, les moines se retirent dans leur kouti respectif, le Maître reste assis sur son siège, il regarde la télévision, et moi je m’attarde assise à la table avec mon ordinateur.
Je le regarde discrètement de temps en temps, il s’assoupit un peu ! Le fait que nous soyons tous les deux, me remplit de joie ! pendant qu’il dort, j’ai un peu l’impression de veiller sur lui car depuis hier il a un gros rhume, qui pour moi est une allergie contractée en balayant !
J’aimerais tellement le soigner, le prendre dans mes bras pendant qu’il dort !! toujours mes idées idiotes, toujours envie de choses impossibles !
C’est très bizarre, cette impression, cette sensation que nous formons un couple et que nous sommes dans la même maison ….
Il est plein d’attentions envers moi : il me fait porter (un Maître ne fait rien par lui-même, il donne des ordres…), du lait de soja en brique, des jus de fruits, etc…
22 février : tout va bien : je suis comme chez moi, j’ai trouvé mes marques : le Maître me dit que j’ai une nouvelle famille et que je peux rester autant que je veux ! et bien sûr revenir ! j’arrive à dormir et le matin à 3 h 30 je réveille sans trop de peine ; je pense qu’il est heureux que j’assiste à toutes les prières, de toutes façon je ne pourrais pas dormir en sachant qu’ils sont tous là à prier.
Le matin lorsqu’ils vont chercher la nourriture, j’en profite pour prendre un thé avec un morceau de pain de mie que j’ai apporté, puis je prends ma douche !
Lorsqu’ils reviennent , on (il y a souvent 2 autres femmes du village) vide leurs sacs, on place la nourriture dans des assiettes, ils font la prière avant de manger, ils se servent et mangent ; normalement je devrais manger après eux mais le Maître m’invite à manger en même temps qu’eux, je suis une privilégiée… (même avec Phosit, on mangeait après !). Puis c’est temps libre !
Ils font tous des efforts pour parler anglais, le Maître a ressorti un livre qu’il a, hier, tout fier, il m’a dit : you are a pretty woman… chaque jour il me sort une nouvelle phrase, moi je fais des efforts pour parler Thaï, on rit… mais je sais qu’ils apprécient !
Je n’ai dormi que deux heures, mais c’était à cause du froid, incroyable ce qu’il peut faire froid la nuit et je n’avais que deux minces couvertures.
Le matin, sans que je ne lui dise rien, le Maître a demandé à Phra Bank de m’apporter deux couvertures supplémentaires : il lit en moi comme dans un livre ouvert et ça m’agace un peu…
A part occuper mes journées à le guetter, le regarder, lui sourire, je passe beaucoup de temps avec Phra Ton, toujours aussi jovial et heureux, à imprimer et mettre le tampon sur les invitations pour leur fête du 6 Mai.
Pendant les prières et les méditations je suis tournée, non pas vers Bouddha comme je le devrais, mais vers lui : j’observe sa nuque sur laquelle j’aimerais poser un baiser, ses petites mains que j’aimerais prendre dans les miennes, etc…
Quelques fois, encore très bizarre, j’ai l’impression que je suis une petite fille qui a fait une petite bêtise et qui se fait gronder, avec beaucoup d’amour, par son papa ; à d’autres moments, j’ai envie de le prendre dans mes bras, le bercer, pendre soin de lui….
Qu’on se rassure, il n’y a absolument rien de sexuel dans tous mes désirs.