Le 19 janvier 2012, je quitte kho Chang avec Phosit, qui souhaite me faire connaître le monastère bouddhiste où il a été moine pendant 20 ans. William, lui se dirige seul vers Pattaya.
Dans la nuit je n’ai presque pas dormi, je m’inquiète un peu car il me semble que Phosit a des vues sur moi, et, personnellement, ça ne me dit rien ! J’ai presque envie de rester à Kho Chang et de le laisser partir seul.
Mais je ne peux pas lui faire ça, ça ne serait pas très gentil, et puis je vais avoir l’occasion de rencontrer de vrais Moines de la Forêt, une nouvelle aventure ! je pars donc avec lui.
Après le ferry, nous changeons quatre fois de bus, c’est un très long voyage : je suis fatiguée, je n’ai pas envie d’être aimable et je fais un peu la tête…
A midi nous nous arrêtons dans un petit restaurant, j’en profite pour aller aux toilettes et lorsque je reviens Phosit a commandé un plat pour moi, sans rien me demander, ça m’énerve. J’ai l’impression que les hommes thaïlandais sont légèrement « machos », et considèrent la femme un peu comme un objet !
Le dernier bus arrive enfin avec quelques locaux dedans ; ils semblent surpris de voir une étrangère dans cet endroit où pas un touriste ne s’aventure ! une femme très gentille me donne un épis de maïs, puis ils m’interpellent et me montrent, sur la route devant nous, un éléphant qui marche tranquillement sur le bord ;
Vite je sors mon appareil photo, mais je n’arrive qu’à photographier son arrière train ! du coup tout le monde se marre… puis nous rencontrons des singes, même scénario, les femmes me tapent sur l’épaule pour que je prenne des photos, et nouvelle rigolade … je me détends un peu !
Au bout d’une heure, le bus s’arrête devant une petite buvette, à l’embranchement d’un chemin, c’est le chemin qui mène au temple, mais il reste encore 7 km pour y parvenir, donc pas question de les faire à pied, surtout avec mes bagages qui pèsent une tonne, et en plus avec cette chaleur ! La température doit bien avoisiner les 35° …
Phosit envoie une personne en scooter avertir le temple afin qu’on vienne nous chercher en voiture. Au bout d’une demi-heure deux moines arrivent enfin dans une camionnette et nous montons à l’arrière.
Je m’attendais à trouver un temple comme tous ceux que l’on rencontre dans les villes en thaïlande, plus magnifiques les uns que les autres, mais non, nous arrivons dans une jolie propriété plantée d’arbres. A droite un bâtiment fermé, un espace ouvert sur deux côtés qui est aménagé en cuisine : un évier, un réfrigérateur, une cuisinière avec des bouteilles de gaz, puis plus loin un autre bâtiment tout en longueur, ce sont les sanitaires.
Au milieu de la plantation, des fondations : je comprendrai beaucoup plus tard que le Maître est en train de faire construire un établissement qui accueillera des personnes (étrangères ou thaïlandaises) qui souhaiteront participer à des stages de méditation Vipassana.
Sur la gauche il y a plusieurs lavabos, un étal où sèche de la vaisselle, le tout en plein air. Un peu plus loin d’autres sanitaires, ceux-ci réservés strictement aux moines !
Quelques mètres plus loin, après quelques tables entourées de bancs en pierre, s’élève un autre bâtiment fermé uniquement sur trois parties, c’est là que les prières et la méditation ont lieu.
Dans le fond, d’immenses statuts de Bouddhas, et sur le côté les bancs en bois sur lesquels les moines s’assoient.
Vers le fond de la propriété, qui se nomme PARUMJAI, on aperçoit de petits « bungalows » en bois,d’environ 8 m2, montés sur pilotis, avec un petit balcon, ce sont des Koutis, là où les moines dorment ; il y a un kouti par moine.
Bien que débroussaillée, cette propriété est située en pleine jungle ; il parait que, certains jours ou soirs…il y a quatre éléphants qui s’approchent, mais ils ne s’aventurent jamais plus loin, ils s’arrêtent aux abords…
La nuit on entend souvent des coups de feu, les gardes tirent en l’air, lorsque les éléphants s’approchent trop près des habitations ou des plantations qui entourent Parumjai.
Le Maître accueille Phosit avec beaucoup d’émotions, ils discutent longuement ensemble. Au monastère le Maître n’est pas seul, il est accompagné de quatre moines qui sont sous sa responsabilité :
- deux jeunes d’environ une vingtaine d’années, Phra Ton très sympathique, espiègle, toujours en train de rire, avec qui je vais passer beaucoup de temps, Phra Bank plus discret que je découvrirai lors d’un prochain séjour,
- Phra Son qui doit avoir dans les quarante cinq ans, le courant passera bien entre nous,
- un autre moine, dont je ne me rappelle plus le nom, le vrai moine de la forêt, très foncé de peau. Je me rendrai compte plus tard qu’il ne m’aime pas du tout, j’ai un sixième sens pour cela… Il doit se demander ce que je viens faire ici ! Je crois qu’il est « amoureux » du Maître : tous les matins et tous les soirs, il réajuste son tapis, prépare son verre, son crachoir, tout cela avec beaucoup d’amour…
Je me demande bien où je vais dormir, je ne vois aucune une femme, pas même une nonne…
Finalement Phosit me conduit dans le bâtiment où est rangée la vaisselle et qui ferme à clé, c’est là que je dormirai, Phosit lui, sera avec le Maître. Mon lit est constitué de deux nattes posées l’une sur l’autre, un coussin en guise d’oreiller, de deux couvertures et d’une moustiquaire de deux mètres de long sur un mètre cinquante de large ; elle est formée comme un parapluie avec des baleines et lorsqu’elle est ouverte, cela forme une espèce de cloche sous laquelle on se glisse. Dans la pièce il y a également un ventilateur !
Ce n’est pas le grand luxe, mais je serai tranquille !
Vers 18 h Phosit me propose de manger des nouilles chinoises, les moines, eux ne mangent qu’une fois par jour , le matin vers 8 h et après 12 h ils ne doivent plus rien avaler !
A 19 h je suis conviée à la prière, qui sera suivie d’une méditation qui se terminera à 21 h 30 !
Je suis épuisée, je n’en peux plus, je vais me coucher, car demain, debout à 3 h : l’appel se fait à 3 h30, la prière de 4 à 5 h 45, puis méditation jusqu’à 6 h 30 …
PS. Cliquer sur les photos pour les agrandir.